Avant...Après...

Paul Claessens

 

« Je souhaite dans ma maison

une femme ayant sa raison,

un chat passant parmi les livres

des amis en toutes saisons

sans lesquels je ne peux pas vivre. »

Apollinaire.

 

Avant…Après

 

Des opportunités nous ont été offertes, nous les avons cueillies avec gratitude ;

des souffrances se sont imposées, nous les avons subies…à notre corps défendant !

 Face aux aléas de la vie, certains font appel au secours de la religion, d’autres se livrent à d’étranges élucubrations. Que d’âneries ont été proférées en ces funestes circonstances !

 Einstein affirmait : « Deux choses sont infinies : l'Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l'Univers, je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue."

 Pour ma part, infime poussière dans le cosmos, je chéris ces bonheurs quotidiens, ces « petits riens » -d’autant plus précieux qu’ils nous sont comptés- qui me plongent dans un perpétuel émerveillement : les subtiles nuances d’un ciel à l’humeur changeante, le bruissement du vent dans les pins avoisinants, le parfum de la terre après le passage d’une ondée ou la simple présence du chat (jamais en manque d’affection…ni de nourriture terrestre ! Et il en profite le bougre !)

Et puis, sur un ton plus badin, le simple fait de partager un whisky d’honorable « facture » en bonne compagnie [ ici un clin d’œil appuyé à Alain Dubois, fin connaisseur ! A suivre…] ne suscite pas la morosité. Nous y voilà ! La « distanciation sociale », curieux oxymore à mon sens, me plonge dans la perplexité. Car, enfin, nous demander de nous laver les mains régulièrement, c’est -avec le port d’un masque- l’enfance de l’art ; mais nous couper de nos proches durant plus de cinquante jours constitue une épreuve rédhibitoire !

 Me manquent à coup sûr aussi, les séances hebdomadaires de natation ! L’ ombre d’un embonpoint se profile, inexorable ! Surgit alors l’image d’un zombie en pyjama, à l’haleine incertaine, mal rasé et se grattant l’entrejambe . Je vois se dessiner ici le schéma (classique…hélas !) d’une fatalité que j’ai toujours honnie : levers et couchers tardifs, décalage des heures de repas, programmation approximative des « bonnes résolutions » du jour (procrastination), etc.

 Pas de ça ! Réagir…et vite ! Des horaires réguliers, des actions planifiées ( jamais menées à bien jusqu’ici !), troquer la natation pour le jogging (aïe…les genoux !) ou- pourquoi pas- se livrer aux joies de la menuiserie…

 Avec, en fin de journée, le sentiment d’avoir pu pleinement profiter de ce précieux cadeau qui nous est imparti : le temps. Gratitude.