Un printemps pas comme les autres

Annie Goërlich

 

Février 2020, nous vivions sereins, confiants et surtout conscients depuis longtemps d'être nés au bon endroit au bon moment.

 

La guerre ? Celle de 40, nous les septuagénaires, nous y avions échappé de justesse – je dis bien nous, parce que la guerre, les guerres, elles, elles n'ont jamais cessé mais plus chez nous.

 

La famine ? Oui,elle existe, on en voit des images sur nos écrans mais c'est loin et dans un contexte si différent du nôtre qu'on se résigne en se disant qu'on n'y peut rien, certain d'avoir chaque jour notre assiette bien garnie.

 

Les épidémies ? Bien sûr, il y a eu la Grippe Espagnole, Ebola, la Grippe H1N1, mais c'est déjà loin et on en est venu à bout. Et puis, la médecine et la technologie ont tellement avancé que l'on se croit invincible.

 

Oui les amis, en cette fin d'hiver 2020, nous sommes bien au chaud en attendant les beaux jours, sans songer un instant qu'il suffit d'un virus pour que tout bascule.

 

Nous voilà donc confinés, confrontés à de nouvelles contingences, à la peur, vissés à nos écrans pour guetter les infos mais aussi pour faire ce que l'on veut de sa journée et surtout du temps pour penser : le COVID19, ça vous remue les méninges.

 

Pour l'instant, résolus à être prudents, nous suivons les consignes.

 

Mais demain, que sera demain ?

 

DEMAIN peut se voir sous bien des aspects, par exemple :

 

 

En mode rieur

 

Après cette pandémie de coronavirus, nous pouvons nous attendre à une nouvelle pandémie, celle de la fièvre acheteuse. Bloqués dans nos chaumières à ne pouvoir acheter que l'essentiel, nous faisons, par la force des choses, de belles économies.

 

Mais les boutiques, qu'est-ce qu'elles nous manquent !!!

 

Alors, Mesdames et Messieurs les commerçants, pour l'instant très justement inquiets, préparez vous, prenez des vitamines et un grand bol de patience car, quand ça va se lâcher, attendez-vous à une déferlante.

 

Les restos, les bistrots, les terrasses, nos terrasses bien aimées seront reprises d'assaut avec l'été qui pointe le bout du nez.

 

Les rues, les parcs, les campagnes, l'humanité va en reprendre possession sans vergogne, sans la moindre pensée compatissante pour les animaux qui eux se sentaient bien avec ce calme si inhabituel ; sauf peut-être les pigeons qui seront heureux de pouvoir à nouveau glaner les miettes aux abords des terrasses.

 

Côté grimaces, car il y aura des grimaces : en quelques semaines de confinement, la plupart des pèse-personnes se sont donné le mot pour nous trahir, les salauds !

 

Côté surprise ?? le Père Noël pourrait bien devoir agrandir sa hotte, à moins qu'il ne remplace ses rennes par des cigognes !

 

Enfin, enfin, la famille qu'on va retrouver sans plus passer par WhatsApp, se sauter au cou, se faire des bisous, les garçons soyez prêts, vous n'y échapperez pas - les amis avec qui on va pouvoir refaire la fête - les voisins avec qui on pourra échanger autrement que par dessus la haie.

 

Toi, ma petite Maman que je pourrai serrer dans mes bras au lieu de te parler par téléphone, toi, derrière la fenêtre de ta chambre au 3ème étage et moi sur le trottoir d'en face.

 

 

En mode inquiet

 

La pandémie s'est calmée, la vie reprend.

 

Bien, mais le virus ! Quid du virus ? Il n'aura probablement pas disparu. Le vaccin n'est pas encore au point. Alors, qu'en sera-t-il pour les personnes non immunisées ?

 

La lutte contre l'épidémie a bloqué une bonne partie des échanges commerciaux et impacté notamment la production agricole.

 

Certains esprits (trop chagrins j'espère) annoncent une possible pénurie alimentaire.

 

Tous ces travailleurs mis à l'arrêt sont-ils arrivés à faire face au quotidien ?

 

Je pense aussi aux familles déjà sous tension avant la crise et pour qui le confinement a dû être un enfer, quelles séquelles pour eux et pour leurs enfants ?

 

 

 

En mode grave

 

On se croyait à l'abri, un virus nous a montré que nous sommes aussi très vulnérables.

 

Les sociétés et entreprises qui se sont vues ralenties ou à l'arrêt pourront-elles se relever dans les mois à venir ?

 

L'Etat qui aura déboursé des sommes considérables pour faire face ne va-t-il pas nous surcharger de taxes nouvelles ?

 

Les énormes besoins engendrés par cette pandémie nous ont montré à quel point nous (pas seulement la Belgique mais l'Europe toute entière) étions tributaires du commerce mondial.Au fil des décennies, nous avons permis une inexorable décentralisation de toutes nos productions : le profit fait LOI

 

 

En mode espoir .... ou chimère ?

 

Cette catastrophe qui nous a si brutalement secoués a révélé de magnifiques élans de solidarité et de générosité. Haut les coeurs ! ne laissons pas retomber ce bel humanisme.

 

On peut rêver ; et si le COVID19 pouvait avoir pour conséquence positive de modifier notre échelle de valeur !

 

Je voudrais que la démonstration de notre dépendance au commerce mondial fasse réfléchir le monde politique et surtout économique au besoin de retrouver une plus grande autonomie, recréer des entreprises de productions chez nous pour offrir aussi de l'emploi dans le domaine manuel (est-il normal que même les grands noms du commerce européen annoncent des produits « création française, italienne, belge .... et autres » et qu'au final, quand on les achète, on trouve sur la petite vignette intérieure Made in China car seul le design a été conçu en Europe????)

 

 

Et puis et surtout, merci, merci à tous ceux qui ont tant donné pour limiter au maximum les effets de ce désastre inattendu.

 

 

MERCI ET RESPECT

 

 

Annie Goërlich